Présenté le 5 juin 2025, le Budget 2025–2026 s’articule autour de trois piliers annoncés par le gouvernement : renouveau économique, nouvel ordre social et consolidation budgétaire. Il s’accompagne d’un Annexe détaillé et de la Finance Act 2025, qui précisent ce qui entre réellement en vigueur.
Impôt sur le revenu des personnes physiques
Le barème est simplifié en trois tranches effectives pour l’année se terminant au 30 juin 2026 : 0 % jusqu’à 500 000 Rs, 10 % entre 500 000 et 1 000 000 Rs, 20 % au-delà. Objectif affiché : alléger les bas revenus tout en préservant la borne maximale à 20 %.
Contribution exceptionnelle sur hauts revenus
Une Fair-Share Contribution de 15 % s’applique aux personnes dont le revenu annuel net dépasse 12 M Rs, afin de renforcer la progressivité.
TVA et économie numérique
Le seuil d’assujettissement à la TVA passe de 6 M Rs à 3 M Rs, avec effet au 1er octobre 2025. Les entreprises franchissant ce seuil doivent se déclarer auprès de la MRA.
Les services numériques fournis par des prestataires étrangers à des clients mauriciens seront soumis à 15 % de TVA à compter du 1er janvier 2026.
Entreprises, banques et fiscalité internationale
Introduction d’un QDMTT (Qualified Domestic Minimum Top-up Tax) pour mettre en œuvre le socle minimum OCDE, et mise en place d’un Alternative Minimum Tax dans des secteurs ciblés. Suppression du plafonnement de la Special Levy des banques. Ces mesures s’ajoutent à des ajustements d’exonérations partielles pour certains revenus.
Tourisme et e-invoicing
Un Tourist Fee de 3 EUR par nuit est introduit pour les séjours en établissements désignés. Le déploiement de la facturation électronique se poursuit, avec un abaissement progressif des seuils de chiffre d’affaires concernés.
Immobilier et investisseurs non-citoyens : ce qui avait été annoncé, ce qui est acté
Annoncé au Budget, puis confirmé par la Finance Act 2025 avec une entrée en vigueur décalée, le taux des droits d’enregistrement payés par un non-citoyen à l’achat d’un bien résidentiel sous les schémas EDB (PDS, RES, IRS, Smart City, IHS) ainsi que les appartements G+2 passe de 5 % à 10 %. De même, le Land Transfer Tax dû par le vendeur sur une cession à un non-citoyen monte de 5 % à 10 %. Ces hausses s’appliquent aux actes enregistrés à compter du 1er juillet 2026.
Point technique important confirmé par la loi : si un acte inclut des biens meubles non valorisés séparément, la LTT sera calculée sur la valeur agrégée immeuble + meubles.
Par ailleurs, l’ancien article 14A du Registration Duty Act, qui imposait déjà un droit de 10 % au-delà de 500 000 USD dans certains cas, est abrogé, la nouvelle architecture fiscale prenant le relais.
Mesures envisagées mais finalement non retenues ou revues
Une proposition initiale évoquée pendant le cycle budgétaire visait une LTT pour non-citoyens calculée au plus élevé entre 10 % de la valeur et 30 % de la plus-value à la revente. Cette piste n’a pas été retenue dans la Finance Act 2025.
Certaines exonérations et incitations historiques des schémas Smart City et connexes sont resserrées ou supprimées, dans une logique de normalisation du régime.
Ce que disent les chiffres macro
La MCCI estime la dépense publique à 261,4 Md Rs en 2025/26 et un déficit budgétaire ramené à 4,9 % du PIB, contre 9,8 % l’année précédente, avec une trajectoire de réduction à moyen terme.
Débats et réactions
Le virage est assumé par les autorités comme un rééquilibrage entre attractivité et équité fiscale, avec un message clair de consolidation après des années d’incitations. Les milieux d’affaires saluent la clarification mais s’inquiètent d’une hausse de pression pour banques et groupes internationaux, tandis que des éditoriaux locaux parlent d’un “changement de paradigme”. Sur l’immobilier, les prises de position opposées soulignent à la fois la nécessité de calmer la spéculation et les risques sur la dynamique des ventes aux non-citoyens.
Impact sur le marché immobilier mauricien
Court terme jusqu’au 30 juin 2026
Fenêtre d’arbitrage pour les acquéreurs et vendeurs non-citoyens, incitant à finaliser avant le relèvement des droits. Attendez-vous à un pic de transactions dans certains segments PDS et G+2, puis à une normalisation. Les promoteurs pourraient proposer des contributions aux frais d’acte ou des remises limitées pour sécuriser les signatures. Cette lecture s’appuie sur l’entrée en vigueur légale au 1er juillet 2026.
Le coût total d’une transaction non-citoyen grimpe mécaniquement, réduisant la part d’acheteurs purement opportunistes. Le mix de la demande devrait glisser vers des profils plus “end-users” et long terme, avec un effet modérateur sur l’inflation des prix dans les zones les plus tendues. Les fondamentaux d’attractivité restent toutefois solides pour les biens premium bien situés, soutenus par l’écosystème de résidence et la stabilité juridique. Cette analyse déduit les effets des nouveaux taux combinés RD/LTT à 10 % chacun.
Locations et rendement
Le renchérissement des acquisitions pourrait soutenir la demande locative haut de gamme, notamment pour les expatriés en phase d’installation, alors que la TVA sur services numériques et l’e-invoicing alourdissent la conformité des opérateurs à court terme.
Sources officielles clés à consulter si vous êtes intéressés:
Budget Speech et Annexe 2025–2026, site du gouvernement et EDB.
Finance Bill 2025 et Finance Act 2025, textes consolidant les mesures et précisant l’entrée en vigueur.
MRA Budget Highlights 2025 et pages TVA, pour procédures et seuils.
Analyses techniques MCCI, EY, KPMG et PwC, pour le décryptage opérationnel.